Vous avez dit Bizarre...
Le post précédent se voulait être une tentative de prise de recul.
Et dont le triste objectif était d'enrayer le bouleversement émotionnel que j'avais vécu lors de la séance "sac" du jour.
Avec chéri et adoré nous avions convenu de modifier la séance en y incluant de la marche nordique et du terrain vallonné. Pour 1h45 au lieu d'1h15.
Première accroche d'une demi heure, à tournicoter, en galopant, dans le stade St Ex. L'éclairage publique y est quasiment inexistant et le terrain défoncé par des travaux qui n'en finissent pas. L'humeur est sérieuse, appliquée à surveiller un 5'15"/km obtenu sans peine outrancière. Je suis concentré.
Deuxième accroche d'un quart d'heure, à l'attaque de la colline Sainte Catherine. Bosse d'une centaine de mètre. Ultra glissante. Boueuse. Passage en mode marche nordique, équipés des bâtons, déhoussés de leur étui avec la dextérité de l'indien qui s'apprête à viser un méchant. L'humeur est tendue. Il fait nuit noir. Je suis seul. Les broussailles m'envoient leurs démons imaginaires. J'ai peur.
Troisième accroche d'une demi heure. Les bâtons sont rangés. Les méchants sont restés sur la colline. Je suis super content de rejoindre les quais et me délecte de retrouver les copains coureurs. J'y vais frétillant, en empruntant la voie ferrée, histoire de poursuivre le travail d'appui entre les cailloux et les traverses glissantes. Une fois sur les quais, je me lance dans du bonjour à toute les sauces. Le parfait con. Sur une trentaine de coureurs, cinq renvoient au mieux le bonsoir sinon un sourire. Désillusion totale. Je suis vexé.
Quatrième accroche d'un quart d'heure en marche nordique. Les bâtons sur le bitume des quais font un bruit d'enfer. On croirait les chevaliers des Monthy Python, dans Sacré Graal. J'ai du mal à me concentrer sur le geste tant je sens la bizarrerie de la situation dans le regard des autres coureurs. Je suis bouleversé.
Cinquième accroche d'un quart d'heure en marche-course-nordique-fuite. La fatigue physique s'est gentiment installée et amplifie la fatigue mentale. J'ai beau me concentrer sur l'objectif, à l'intérieur les fêlures ne se tiennent plus. Les échanges avec l'extérieur me perturbent de plus en plus. Les piétons que je croise ne sont plus des coureurs. Entre les regards amusés, voire mort de rire, parfois moqueurs et rarement encourageants, j'accélère pour rentrer au plus vite à la maison. Je me sens comme perdu.
En traversant la place, mon oeil est accroché par le warning d'une voiture. Je me faufile entre un tailleur-talons et un costume-cravate. Je refuse l'échange et baisse les yeux. J'ai honte.
A la maison, ma femme m'accueuille : "Pfiouuu, la touche...". J'esquive : "Tu peux me prendre en photo, stp ?". Je lutte.
Le cerveau en ébullition, je prends une douche, boit, mange et profite de mes fils et de ma femme. Je m'apaise.
Le premier post est écrit. J'ai pris du recul.
Je prépare le marathon des sables. Sans sable. Sans chaleur. J'habite en ville. Je cours en ville. Je m'imagine moins ridicule dans le désert. Je m'endors.