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Grain de sable 2014
22 mai 2014

La journée de repos

A la maison, tout ceux qui avaient fait le marathon des sables, m'avaient cordialement invité à finir la longue en une journée. "Tu ne le regretteras pas ! Tu auras tout le jeudi pour te reposer".

Voui.... Je me suis reposé. Effectivement. A un détail prêt.

Il est 7h. La journée démarre en toute simplicité sur un rissoto des balkans au boeuf. Bah ouaih ! J'ai pas de poële, pas de frigo. Je ne peux donc pas me faire mon traditionnel jambon de bayonne, oeuf sur le plat, comté, demi pain complet beurre et son demi litre de cicona. C'est ballot....

La membrane ventrale proche de la ligne verticale, je peux enfin m'organiser dans ma tête pour aller me laver. Mon petit corps poilu n'a pas vu la moindre once de propreté depuis 6 jours. Quoi ? Oh ça va ! Pas la peine de faire vos délicats ! Puisque je vous dis que je vais me laver. Bon... Quoi ? Mais non, c'est rien.... Bouchez votre nez, c'est le moment ou j'enlève ma p'tite culotte... J'ouvre les robinets du jacuzzi, lance le son et lumière, et hop ! C'est magique, j'utilise une demi bouteille d'eau et un peu de savon (prêté par Yannis) et frotte ce que je peux, comme je peux. Ce qui est encore plus magique c'est que je n'ai pas besoin de serviette pour m'essuyer. Ce qui tombe bien. J'en ai pas. Le soleil se suffit à lui même pour vous sécher ce qu'il veut, comme il veut.

Il y a des filles sur le camp. J'ai envie de faire le bô. Je me lance dans une parade, le poil brillant, la truffe humide. Que j'avorte au bout de 2 mètres. Je prends concience que mon slip bleu, bleu comme les mers du sud dans la baie de Rio, s'est pris une marée noire. Dont la violence a flingué toute forme de vie pour les 20 années à venir. Je m'organise dans ma tête pour essayer de lui redonner vie. Un quart de bouteille d'eau, un coup de savon et me voilà à réinterpréter la reine du lavoir en folie.

Le défilé dans le campement devient élégant. La haute couture française n'a pas à rougir. La preuve, regardez mes petits escarpins.

P1130463

Fabrication artisanale française. Semelle finement brodée, gracieusement entourée d'une bande élastomère, délicatement posée sur un drapé de soie blanc. Pour ceux qui aiment la technique, il ya un plastique bleu sur la face collante de l'élasto. Pour que je puisse les retirer après la parade amoureuse.

Le défilé me conduit au mail. Ou j'écris pendant une bonne heure. J'y raconte la longue, en pleurant toutes les larmes de mon corps, tous les deux mots. Et quand j'appuie sur le bouton -vas y poulette arroses le net- j'espère avoir fait de mon mieux, en peu de mots, pour raconter la course de ma vie. Ce mail n'arrivera jamais dans la boite de ma chère et tendre.

Je quitte les mails, le poil encore plus brillant et la truffe encore plus humide.

Il est 11h. Je me remet de mes émotions avec ma poule devant un boeuf chasseur aux pâtes.

Le défilé me conduit ensuite aux pieds. Nettoyage, soin. Les pieds fleurissent des talons. Impressionnant. Mais sans conséquence.

Une petite sieste. Histoire de laisser les pieds sécher.

Il est 13h. Je me remet de mes émotions avec ma poule devant un poulet à la crème pâtes et épinards.

La menbrane ventrale à dépassé la ligne verticale. Pour autant personne ne parierait sur un 4 mois de grossesse.

Une grosse sieste. Histoire de digérer dignement.

Les lapins runners arrivent de la longue. Ils en ont enfin fini. Je bondi de la tente pieds nus, le slip bleu brillant de mille feux. J'attrappe Emir comme s'il était mon frangin. Comme si je ne l'avais pas vu depuis une éternité. J'arrête de le serrer, juste avant son dernier souffle. Il est heureux d'être arrivé. Mais manifestement moins que je ne cesse mon étreinte. J'y vais mollo avec Carole. Un boujoux aux deux et je retourne siester.

Dans un demi réveil, je me délecte des e-mails. Comme à chaque fois, les nouvelles font pleurer dans les tentes berbères. La fatigue accumulée fissure les remparts qui retiennent nos émotions.

P1130365

Bouuuuuuuh..... Snif.... C'était trop bon de lire de vos nouvelles. Mais les larmes ont délavées tous les textes. Je ne peux plus les lire. Bouuuuuuh.... Snif....

Bref, la journée se passe bien. Je mange, je dors et je me tripote les tétons devant mon classement. 187ème sur la longue alors qu'à l'issue des 3 premières étapes je suis 350ème au général. Content au point que le défilé dans le campement se fait à présent avec la fanfare et les pom pom girls.

Content au point qu'une bête idée me traverse l'esprit "Et si je confirmais sur la dernière étape, le marathon, ce que j'ai fait sur la longue ?".

Ni une ni deux, j'attrappe la bouteille d'eau pour laver les chaussettes. Pour leur donner toutes les chances de courir encore plus vite.

Un p'tit coup de Haka avec la tente 36. Et hop, les chaussettes sont sèches comme celles de l'archi duchesse.

Il est 17h. Les derniers concurrents japonais vont bientôt franchir la ligne d'arrivée de la longue. Soit 32h après leurs départs. Tout le peloton se masse autour de l'arche. Les cris d'encouragements s'unissent pour les porter sur ces derniers mètres. Il s'en souviendront toute leurs vies.

 

marathondessables17

La vidéo de leur arrivée est ici.

Il est 20h. Je me remets de mes émotions avec ma poule devant une poêlée de pommes de terre aux oignons.

Au moment du couché, le détail me tombe dessus sans avertissement. Je n'ai plus d'eau. Panique.

Si j'avais eu un martinet je me serai claqué le tronche avec.

Je n'ai plus d'eau.

Depuis le début de la course, je contrôle avec rigueur tout ce qui doit l'être. Je prends et apprends tout ce que m'offre le désert. Je m'évertue à faire de mon mieux.

Il m'aura suffit d'un moment de relâchement, pour me retrouver face au mur. L'eau doit être bue et transpirée. Point.

Je m'en veux. Quel triple abruti je fais.

Il va faire quoi demain ? Le rigolo avec sa peau parfumée, son slip bleu propret, ses chaussettes brillantes, hein ?

Ma poule et Yannis essaient de me rassurer "T'inquiètes pas... On va te filer de l'eau. On en a assez."

Dans le désert, le gars qui te donne de l'eau est ton frère de sang pour la vie.

 

 

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Commentaires
M
Et elle est où la photo avec ton slip bleu ? Nan parce que c'est bien beau de nous faire rêver et puis nada, on voit rien nous. J't'assure !<br /> <br /> <br /> <br /> Bon, et puis, c'est quoi ces claquettes là ? J'attends l'histoire des claquettes car j'comprends pas. Ca faisait pas partie des lauréats avant le départ.
M
Je ne me lasse pas de tes récits, mais celui la m'a bien fais rire je t'imagine parader avec ton slip bleu au milieu du désert
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