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Grain de sable 2014
9 juin 2012

Le monsieur à la hache et ses acolytes anglais…

Dimanche soir dernier, abandonnant lâchement mon épouse, je décide de faire une sortie nocturne, en forêt, colline sainte-Catherine, afin de régler les derniers détails de préparation pour le grand raid du golfe du Morbihan, prévu dans 15  jours.

 

A 23h, on ne croise pas grand monde en forêt.

Je suis donc seul. Seul avec ma peur.

Peur des bruits, peur des ombres, peur de mon imagination, peur de ce que l’on raconte à la télé, peur de tomber sur une batte de baseball mal intentionnée, peur de tomber sur un grand monsieur, filet de bave pendante, brandissant une hâche.

 

Le « détail de préparation », pour cette sortie, consiste donc à trouver la bonne parade contre cette peur.

J’ai commencé par pousser des cris. De type berger. Pas trop forts, réguliers, pour faire fuir les animaux éventuels. Cris réguliers pour que « l’autre » comprenne que je suis en mouvement, en espérant que sa propre peur ne devienne pas dangereuse pour moi. Raté. La peur est toujours là.

Je tente de chanter, siffler. L’imagination redouble d’efforts.

Je tente de penser à quelque chose de positif. En vain.

La forêt est rendue dense par la faiblesse de l’éclairage de la frontale. Les arbres, taillis et plantes, au bord du chemin, dessinent un tunnel dans lequel l’imagination s’engouffre à folle vitesse.

Ces dangers imaginaires ne sont pourtant qu’imaginaires.

Contrairement aux racines.

L’une d’entre elles a bien failli me faire chuter. Une chute qui se transforme en blessure et c’est l’abandon. Cette idée me met en colère. Hors de question d’abandonner. Je me concentre sur les racines. L’imagination débordante est maintenant tenue en laisse. Ainsi que la peur.

Leçon est prise pour le grand raid du golfe : se concentrer sur le danger immédiat.

 

Sur le chemin du retour, passé les racines, je me perds.

Pourtant cette forêt, je la connais bien. Mais de jour, pas de nuit, et ça change tout. Déboussolé, ne trouvant pas de repères, la peur reprend le dessus. Le grand monsieur à la hache rôde.

Je finis finalement par retrouver mon chemin, comprenant que les lumières au loin sont celles de Bihorel et qu’il me les faut à droite pour rejoindre le belvédère.

 

De retour dans la civilisation, après avoir remonté les quais rive droite, en longeant la seine, je me retrouve face à 3 gaillards costauds manifestement éméchés. Ma jambe droite m’invite alors cordialement à quitter les quais pour rejoindre le boulevard des belges. S’en suit un premier claquement de bottes, puis un deuxième, puis un troisième. Les 3 gaillards costauds ont décidé de faire un peu de sport. Imaginez la scène. Au grotesque s’est mêlé le burlesque. En tête de file, un ultra-trailer déguisé pour l’occasion, frontale à la casquette, courant en ville à  0h30, suivi de 3 gaillards claquant de la rangers, plus grands et plus larges d’un bon mètre que la tête de file. Les 3 gaillards  rigolards commencent à chanter « god save the queen ». Rassuré sur leurs intentions et les sentant peiner, je me retourne et les gratifie d’un joyeux « thank you ». Je regrette aujourd’hui de ne point leur avoir précisé que ce remerciement valait autant pour la qualité militaro-artistique de l’interprétation que pour leur humour spontané.

 

Finalement, cette sortie aura au moins prouvé, et c’est bien là l’essentiel, que les anglais sont nos amis pour la vie.

Elle aura aussi démontré que le grand monsieur n’est pas encore mon ami pour la vie. Nous avons donc pris rendez vous pour demain soir. Et si nous ne trouvons pas de terrain d’entente, il ne me restera plus qu’à courir bras tendus, un cierge entre les mains, en priant pour que l’imaginaire reste imaginaire.


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Commentaires
E
Face à ce texte, toutes mes pensées vont vers Isabelle ! Bon courage Madame Vaugeois ! Allez continue Cécé, on croit en toi!
C
Mais tu as la solution... Te concentrer sur la racine. C'est ce que je fais, je regarde mes pieds comme ça je ne vois pas que la route est longue encore!!!
C
pffff, moi qui ne comprenais pas ta motivation à vivre ça seul, je vois que tu ne l'es jamais vraiment ;)
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